Théâtre : Le Rêve et la plainte au Théâtre de la Tempête

Du 2 au 25 mai 2025, Le Rêve et la plainte de Nicole Genovese s’invite à la Tempête pour une comédie historique délicieusement anachronique. Une cour qui chante Amel Bent, rit sous perruque et pleure doucement sur un monde qui s’effondre.

Le Rêve et la plainte de Nicole Genovese, mise en scène par Claude Vanessa, prend ses quartiers au Théâtre de la Tempête. Dans un décor minimaliste — un petit castelet en bambou comme échoué sur une île —, la pièce nous transporte au Petit Trianon, peu avant la Révolution. Marie-Antoinette vient d’avoir une nouvelle cuisine. Elle chante Amel Bent avec l’accent ariégeois. Louis XVI regarde l’avenir comme un enfant devant une vitre embuée.

Entourés de leurs amis — la princesse de Lamballe, le comte d’Artois, Fred et Déborah — les souverains devisent, badinent, s’inquiètent et s’accrochent au futile avec une grâce douce-amère. Le monde vacille doucement, mais dans les jardins de Versailles, on pique-nique encore, on parle chiffon et on plaisante entre deux accords de viole de gambe.

Après hélas, Nicole Genovese revient avec une comédie de salon décalée, irrésistiblement drôle et mélancolique. Les dialogues ciselés, les silences éloquents et les situations absurdes dessinent une fresque en miniature où le passé se frotte au présent, dans une fantaisie librement anachronique.

Avec beaucoup de tendresse, Le Rêve et la plainte fait dialoguer la grandeur décadente de l’Ancien Régime et la fragilité universelle des êtres qui sentent venir le changement sans pouvoir le nommer. Le tout porté par des comédiens hilarants, dans des costumes XVIIIe magnifiques, entre opéra pop et farce précieuse.

Un moment hors du temps, entre rire étincelant et nostalgie feutrée.