Territoire au cœur de la naissance des industries de l’image et du son, l’Est parisien est resté, au fil des décennies, un lieu privilégié pour la création cinématographique. Des centaines de tournages s’y sont succédées, depuis les studios rudimentaires de l’époque héroïque dans les rues des communes dotées de paysages variés à Joinville-le-Pont, Saint-Maurice ou encore Vincennes, jusqu’aux installations de pointe présentes dans les actuels Studios de Bry.
Dès le début du XXe siècle, les habitants des villes du Territoire allaient s’habituer à rencontrer au coin d’une rue les scènes les plus inattendues. Cheval emballé galopant à travers les rues de Joinville-le-Pont ou de Nogent-sur-Marne, Max Linder poursuivit par un âne jaloux, Maurice Chevalier dansant la Valse à la Mode ou figurants en costume s’apprêtant à rejouer la Mort du duc d’Enghien dans les fossés du Château de Vincennes.
« Imaginez un terrain vague, bordé de planches assez hautes pour décourager la curiosité des passants. Au milieu, une grande estrade avec des portants, des toiles de fond suspendues à des perches. A gauche et à droite, deux cabanes rudimentaires (…). Voilà ce qu’étaient les studios cinématographiques en l’an de grâce (18)99 ! »
George Monca (acteur, scénariste et réalisateur, 1867-1939), décrivant les premiers studios Pathé à Vincennes.
Malgré les bouleversements provoqués par les guerres mondiales, les restructurations économiques, les révolutions technologiques, ce lien entre la création et la région ne s’est jamais rompu.
Ladislas Starewitch réalisa quelques-uns des premiers chefs d’œuvres du cinéma d’animation dans sa maison/studio de Fontenay-sous-Bois. Marcel Carné trouva son Eldorado du dimanche à Nogent-sur-Marne et Claude Autant-Lara son Diable au Corps à Maisons-Alfort. Monsieur Hulot de Jacques Tati habitait Saint-Maur-des-Fossés et Les Tontons flingueurs jouent au bowling de la Matène, toujours ouvert à Fontenay-sous-Bois. Agnès Varda filme le Bonheur à Vincennes pendant que La Bande à part de Jean-Luc Godard traverse Maisons-Alfort et Saint-Maurice et que Jules et Jim courent sur la passerelle de Charenton-le-Pont. Le nombre d’œuvres ayant été produites sur le Territoire est incalculable et continue de croître aujourd’hui.
Florilège non-exhaustif :
1901 : Histoire d’un crime, Ferdinand Zecca, Vincennes
1907 : La Course des sergents de ville, Ferdinand Zecca, Vincennes
1908 : l’Aspirateur, Segundo de Chomon, Vincennes
1912 : Max et son âne, Max Linder, Vincennes
1914-1919 : Quatre-vingt-treize, Albert Capellani, Vincennes, Maisons-Alfort
1929 : Eldorado du Dimanche, Marcel Carné, Nogent-sur-Marne
1930 : Le Roman de Renard, Ladislav Starewitch, Fontenay-sous-Bois
1932 : L’Affaire est dans le sac, Pierre Prévert, Joinville-le-Pont
1933 : Fétiche Mascotte, Ladislas Starewitch, Fontenay-sous-Bois
1937 : Pépé le Moko, Julien Duvivier, Joinville-le-Pont
1945 : Les Enfants du Paradis, Marcel Carné, Joinville-le-Pont
1946 : La Belle et la Bête, Jean Cocteau, Joinville-le-Pont, Saint-Maurice
1946 : le Diable au corps, Claude Autant-Lara, Saint-Maur-des-Fossés
1955 : Lola Montès, Max Ophuls, Joinville-le-Pont, Saint-Maurice
1956 : La Traversée de Paris, Claude Autant-Lara, Saint-Maurice
1958 : Mon Oncle, Jacques Tati, Saint-Maur-des-Fossés
1959 : Archimède, le clochard, Gilles Grangier, Charenton-le-Pont, Maisons-Alfort
1962 : Jules et Jim, François Truffaut, Charenton-le-Pont
1963 : Les Tontons flingueurs, Georges Lautner, Fontenay-sous-Bois
1964 : l’Age ingrat, Gilles Grangier, Champigny-sur-Marne, Saint-Maurice
1964 : Bande à part, Jean-Luc Godard, Maisons-Alfort, Saint-Maurice, Vincennes
1965 : Compartiments tueurs, Costa-Gavras, Maisons-Alfort, Saint-Maurice
1965 : Le Bonheur, Agnès Varda, Saint-Mandé, Vincennes
1967 : Playtime, Jacques Tati, Joinville-le-Pont
1969 : La Bande à Bonnot, Philippe Fourastie, Nogent-sur-Marne
1971 : La Folie des grandeurs, Gérard Oury, Saint-Maurice
1986 : Les Fugitifs, Francis Veber, Champigny-sur-Marne
1988 : Les Liaisons dangereuses, Stephen Frears, Vincennes
1989 : Monsieur Hire, Patrice Leconte, Fontenay-sous-Bois
1993 : L’Odeur de la papaye verte, Anh Hung Tran, Bry-sur-Marne
2004 : Un long dimanche de fiançailles, Jean-Pierre Jeunet, Bry-sur-Marne, Nogent sur Marne
2005 : Palais royal !, Valérie Lemercier, Villiers-sur-Marne
2006 : Jean-Philippe, Laurent Tuel, Fontenay-sous-Bois
2006 : Marie-Antoinette, Bry-sur-Marne
2009 : Micmacs à tire-larigot, Jean-Pierre Jeunet, Charenton-le-Pont
2012 : Hunger Games, Gary Ross, Bry-sur-Marne
2017 : Barbara, Mathieu Amalric, Bry-sur-Marne
2020 : Adieu les Cons, Albert Dupontel, Bry-sur-Marne